Housses en scène

Par Stefania Di Petrillo

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La créatrice

Née à Parme en Italie, elle s’est forgé une réputation en créant des objets ludiques et fonctionnels. Collaboratrice aux pages de M, le magazine du Monde, Stefania Di Petrillo est, depuis longtemps, associée à la boutique de la Comédie-Française notamment à travers La Comédie des objets, une collection qui détourne le vocabulaire propre au théâtre ou à Molière pour donner vie à des objets ou bibelots décalés et singuliers tels que la boîte à sel, la servante.

Pour la petite histoire

En traversant l’atelier des tapissiers à l’entresol du théâtre, Stefania Di Petrillo est intriguée par un écriteau « housses en scène ». Le chef d’atelier lui apprend qu’il s’agit de toiles de protection en lin qui recouvrent les meubles « qui ne jouent pas ». Lorsqu’ils ne sont pas sur scène, ils sont conservés aux entrepôts de la Comédie-Française à Sarcelles en attendant que le spectacle soit rejoué ou qu’ils soient affectés à une nouvelle pièce de théâtre en création. Avant le début des répétitions dans l’une des trois salles de la Comédie-Française, le meuble est inspecté et rafraîchi puis débarrassé de sa housse qui sera suspendue en coulisses.

Qui es-tu la housse ?

La housse est fabriquée en toile bisonne – mélange de lin et de coton – et renforcée par un matelassage qui protège au maximum l’objet ou le meuble qu’elle recouvre. Les tapissiers taillent dans la toile des morceaux de tissus et les cousent dans des formes qui épousent les meubles. Avant de rejoindre les entrepôts de la Comédie-Française, chaque meuble reçoit un numéro d’identification reproduit sur la housse.

Pourquoi le marquage ?

La housse de protection qui recouvre chaque meuble porte un numéro inscrit au charbon à l’aide d’un pochoir. Ce numéro répertorié dans l’inventaire général des meubles de la Comédie-Française sert à décrire l’objet, détailler sa composition et ses multiples affectations. Conservé à la Bibliothèque de la Comédie-Française, le premier registre remontant aux débuts de la Troupe renferme le meuble Zéro, « Fauteuil de Molière à crémaillère recouvert de peau noire, pour mémoire parce qu’il n’a pas de prix ». Il s’agit du fauteuil sur lequel Molière a joué le rôle d’Argan dans Le Malade imaginaire avant de succomber à sa fluxion. Aujourd’hui, les registres sont informatisés.

Housse en scène par Stefania Di Petrillo

Séduite par la toile bisonne, Stefania Di Petrillo décide d’étendre sa fonction à d’autres objets du quotidien utiles et fragiles à la fois : lunettes, ordinateur portable ou tablette numérique et elle propose également un plaid, un grand tote bag et des trousses à usages multiples. À l’intérieur de chaque housse, se trouve une étiquette expliquant la composition de la toile bisonne, sa raison d’être et la correspondance du numéro inscrit à l’extérieur. Le numéro 38 est un lit en fer forgé qui a servi dans Roméo et Juliette de Shakespeare par Éric Ruf puis réaffecté à la chambre de Fanny et Alexandre d’après Bergman, mis en scène par Julie Deliquet.